HAGANAH

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Un des termes clefs du sionisme «pratique» (à distinguer du «spirituel»), le mot hébreu haganah («défense», «protection») désigne une attitude et un programme qui viennent après l’immigration (aliyah ) et l’implantation sur le sol (hityashvout ). La volonté et la capacité de se défendre devaient distinguer le «nouveau Juif» sioniste de son ancêtre qui, riche ou pauvre, subissait partout la condition d’assujetti, de protégé. Les noms, déjà légendaires, de Bar-Cuiyora (1907) et de Hashomer (1909), associations de défense des jeunes immigrés russes fondateurs des premières colonies, furent supplantés par celui de Haganah après les événements (me’ora’ot ) de 1920 (destruction de Tel-Hai en Galilée et «pogrom» à Jérusalem), de 1921 (37 morts, 300 blessés à Jaffa et ailleurs). Pendant les «événements» de 1929 (massacre de la communauté de Hébron) et la révolte des années 1936-1939, qui fit des milliers de victimes dans les trois camps (juif, arabe, anglais), la Haganah, semi-officielle, possède déjà une infrastructure: elle dispose de caches d’armes et de groupes d’hommes entraînés dans chaque localité, ainsi que d’un commandement central possédant des unités de réserve qu’il peut rapidement mobiliser pour les envoyer aux points exposés. Vers la fin de cette révolte, alors que la Seconde Guerre mondiale paraît proche, une certaine coopération s’établit entre la Haganah et l’administration anglaise. Le droit à l’autodéfense est légalement reconnu; 15 000 volontaires juifs sont enrôlés dans une milice (Notrim) financée moitié par le gouvernement, moitié par l’Agence juive. Wingate, officier anglais sympathisant (surnommé Lawrence de Judée), forme et entraîne les S.N.S. (Special Night Sections), qui constitueront le noyau du futur Palmakh. La discipline, la maturité et la force morale de la Haganah se manifestent alors dans le maintien de la tactique dite de havlagah (non-riposte, contrôle de soi) et imposée par les «organismes nationaux» civils: le Va’ad Le’oumi (Conseil national), l’Agence juive et l’Histadrout (centrale syndicale). Seule la défense légitime est autorisée. En même temps, c’est la Haganah qui prépare et exécute des entreprises telles que Homa Ou-migdal (Tour et muraille), c’est-à-dire l’implantation par la force (contre l’interdit du gouvernement) de points frontaliers barricadés (54 en deux ans; le plus célèbre, Hanita, est installé en Galilée du Nord), qui deviendront bientôt des villages florissants. La haapalah (immigration illégale), commencée en 1937, s’étend à l’Europe et au Maghreb, et aura, par suite de l’opposition acharnée des Anglais, un retentissement international.

Durant les années de la guerre, la tension croît entre l’armée et la Haganah, hormis une brève accalmie au cours de l’été de 1942, lorsque Rommel est aux portes de l’Égypte. Le Palmakh (plougot-mahats: unités de choc) est alors armé et entraîné par les Anglais à la guérilla pour prévenir une éventuelle invasion allemande. Il constituera désormais un corps d’élite (5 000 hommes environ en 1948), bien que non professionnel, comme le reste de la Haganah, et ne sera démantelé par Ben Gourion qu’en 1951. Après El-Alamein, le conflit est permanent entre les Anglais et les forces juives, qui entrent toutes dans la clandestinité. La Haganah fait sauter plusieurs installations civiles et militaires engagées dans la lutte contre l’immigration illégale. Les Anglais s’efforcent surtout de repérer les caches d’armes et les terrains d’entraînement de la Haganah.

Entre 1946 et 1948 et jusqu’à la création de l’État d’Israël, la Haganah lutte contre les forces arabes non régulières, qui s’attaquent aux colonies isolées et aux convois de ravitaillement (destinés surtout à approvisionner Jérusalem, qui est coupée du reste du pays); elle combat en même temps contre les Anglais, acquis en majorité à la cause arabe, et souvent contre les groupes des «dissidents» (Irgoun et Lehi), dont les actions exposent le dispositif juif, encore fragile, à une attaque anglaise généralisée.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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